israél tue une dizaine de pacifistes de la flottille pour Gaza
Des commandos de la marine israélienne ont pris d’assaut hier matin la
flottille transportant de l’aide humanitaire à destination de la bande
de Gaza, faisant plus de dix morts dans les rangs des militants et
menaçant Israël d’une nouvelle crise diplomatique internationale.
Cet
assaut sanglant a aussitôt été dénoncé par la Turquie, qui a protesté
contre une opération “inacceptable” et prévenu qu’Israël devrait en
supporter les conséquences.
Le Président de l’Autorité
palestinienne, Mahmoud Abbas a décrété trois jours de deuil dans les
territoires palestiniens.
« Mahmoud Abbas a donné instruction au
délégué palestinien aux Nations unies de demander au Conseil de sécurité
la tenue d’une réunion d’urgence pour discuter de la piraterie, du
crime et du massacre israéliens», a précisé hier le négociateur
palestinien Saëb Erakat.
L’Autorité palestinienne a également
demandé à l’administration américaine une intervention d’urgence pour
mettre un terme à ces «crimes israéliens», a-t-il ajouté.
L’ambassadeur
de Palestine au Caire et son délégué permanent à la Ligue arabe a, pour
sa part adressé une lettre à l’organisation panarabe dans laquelle il
demande la convocation d’une « réunion urgente du conseil, consacrée à
l’examen des répercussions de ce crime odieux commis par les Israéliens
contre la flottille internationale la Liberté dans les eaux
internationales ».
Les six bateaux de la flottille, qui avaient
appareillé dimanche soir de Chypre, entendaient livrer 10.000 tonnes
d’aide humanitaire aux 1,5 million de Gazaouis en brisant l’embargo
naval mis en place par Israël le long du territoire palestinien.
L’armée
israélienne a déclaré que plus de dix activistes avaient été tués dans
l’opération. La chaîne israélienne de télévision Channel 10 parle elle
d’une quinzaine de morts.
Le ministre israélien du Commerce,
Binyamin Ben-Eliezer, premier responsable israélien à avoir confirmé
cette opération hier matin, a exprimé “du regret pour toutes ces
victimes”.
Selon les autorités israéliennes, les commandos se sont
heurtés à une vive résistance de membres de la flottille.
Israël,
qui a fermé les frontières de la bande de Gaza en 2007 lorsque le Hamas
en a pris le contrôle, avait prévenu qu’il bloquerait le convoi formé
par plusieurs organisations dont le Mouvement Gaza libre.
Officiellement,
l’objet de cet embargo est d’empêcher que des armes soient livrées au
Hamas qui contrôle le territoire côtier, mais en réalité, il s’agit pour
Israël d’affamer Gaza et d’empêcher ses habitants de mener une vie
normale.
Mais cette effusion de sang anéantit les espoirs des
autorités israéliennes d’éviter tout dérapage et risque d’amenuiser leur
crédit diplomatique, notamment auprès de la Turquie, dont le drapeau
ornait certains des bateaux.
A Ankara, le ministère des Affaires
étrangères a dénoncé une opération “inacceptable”. “Israël devra
supporter les conséquences de ce comportement”, a-t-il ajouté.
L’ambassadeur d’Israël à Ankara a été convoqué.
Mark Regev,
porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a déclaré pourtant
que l’armée avait tout tenté pour éviter une confrontation violente.
Du
fait de la censure militaire israélienne et du brouillage des ondes,
les informations sur l’assaut sont rares.
Greta Berlin, une des
porte-parole du Mouvement Gaza libre à l’origine du convoi, a dit avoir
été informée de dix décès par un avocat israélien. Elle-même n’a pu
établir de liaison directe avec les navires.
“Comment l’armée
israélienne peut-elle attaquer des civils de la sorte ?”, a-t-elle
dénoncé. “Pensent-ils, parce qu’ils peuvent attaquer des Palestiniens
sans discernement, qu’ils peuvent attaquer qui ils veulent ?”
Selon
Mary Hugues Thompson, autre porte-parole du Mouvement Gaza libre, les
commandos israéliens ont été héliportés à bord du navire turc de la
flottille. Ce bateau, navire-amiral du convoi, transportait 600
passagers.
La flottille avait bravé les ordres israéliens en
quittant dimanche soir les eaux internationales au large de Chypre où
les bateaux mouillaient pour se rendre dans la bande de Gaza, à quelque
400 km de là.
Ce convoi a été organisé par des groupes
pro-palestiniens et une organisation humanitaire turque. La Turquie
avait exhorté Israël d’autoriser la livraison d’aide humanitaire et de
matériel transportés à destination de la bande de Gaza.
Dimanche
soir, des navires de la marine israélienne ont contacté par radio les
militants et leur ont signifié que leur seule possibilité était de se
rendre dans le port d’Ashdod pour y décharger leur cargaison, selon un
responsable israélien. “La flottille a ignoré nos avertissements”,
a-t-il dit.
Israël exige que toute aide lui soit remise pour que
son contenu soit examiné avant sa distribution dans la bande de Gaza par
des canaux approuvés par les autorités israéliennes. Mais le blocus
passe mal. Les Nations unies et les occidentaux ont exhorté les
autorités israéliennes à alléger le dispositif de sécurité autour du
territoire palestinien afin d’éviter une crise humanitaire.